Réalmont – Castelnau de Montmiral

Ce soir en montant ma tente, je suis « parti ». Je me redresse après avoir enfoncé le piquet. Vertige. Je ne sais plus où je suis. Le bruit d’une tondeuse au loin me rappelle le camping. Je suis là. Debout.

Cette longue étape a débuté par une rosée malvenue. Une grosse condensation a mouillé l’intérieur de ma tente et je dois patienter que les premiers rayons de soleil la sèche. Las, c’est mouillée que je la range dans son sac.

Je rattrape mon parcours à Lombers et je prends la direction de Lasgraïsses par les D4 et D84. Je suis bien en jambes. Mon cardio monte tranquillement dans les tours et redescend aussitôt à 70 bpm dans les descentes, à peine 10 pulsations de plus que ma FC au repos de ce matin. La campagne vallonnée offre cette mosaïque de couleurs entre les champs de blé encore verts, la terre retournée attendant d’être ensemencée et les forêts. Une certaine géométrie règne par endroit, preuve que la main de l’homme l’a façonné. Cette portion du parcours me fait passer sur une ligne de crêtes et je peux admirer chaque versant, tournant la tête de gauche à droite et vice-versa tel un spectateur de Rolland-Garros.

C’est à Parisot que je reprends des forces dans un restaurant (entrée, plat, dessert, 1/4 de rouge et café pour 12€ !). Revigoré, je poursuis ma longue descente vers Rabastens, ville de briques rouges au bord du Tarn, assommée par une lourde chaleur moite. La D2 m’emmène jusqu’à Salvagnac. Jolie route. La dernière portion du parcours jusqu’à Castelnau de Montmiral (où je n’irais pas car mon camping se situe 3km avant) me paraît sans charme bien que ma carte Michelin dise le contraire.

Cette journée a été marquée par une grosse chaleur (comme hier), peu de vent et ce n’était pas le vent apparent du vélo qui pouvait me rafraîchir. Je me suis tartiné deux fois d’écran total de compétition, mais mes cuisses disent qu’il n’est pas si « total » que ça. J’ai bu 3 litres et demi d’eau.

En arrivant au camping, j’avale une barre énergétique et je finis mon dernier bidon. En plantant les quatre premiers piquets, j’avais bien ressenti une petite baisse de tension quand je voyais des étoiles en me relevant. Une gorgée d’eau, quelques profondes inspirations. Cinquième piquet, je pars. Une fraction de seconde. C’est la deuxième fois en un an, la première s’étant déroulée à l’hôpital lors d’un test d’effort.
« Soufflez, soufflez, allez, soufflez » disait l’infirmière. Le visage rouge cramoisi par l’effort, je vidais avec énergie le peu d’air qui restait dans mes poumons. Et je pars. La seconde suivante je me « réveille » dans ce caisson pressurisé, un tube dans la bouche, une pince à linge sur le nez, l’infirmière parle. Où suis je ? Puis tout rentre dans l’ordre.

Promis, demain je boirais encore plus. Surtout que pour éviter de nouveaux coups de soleil, ce sera cuissard long (et noir), chemise à manches longues. Ah, je vais être beau sur mon tricycle en plein cagnard 🙂

Stats : 81.4 km, 14 km/h, D+ 908m, D- 923m, FC moyenne 100 bpm (max 122)

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15 réflexions sur « Réalmont – Castelnau de Montmiral »

  1. Ça fait un peu fliper ton malaise , seul là !
    Rajoute une étape et force un peu moins !
    On n’est pas habitué à des Tº pareilles 🙂

    (Tu as salué Laurence du Medef ?)

    • Oui, pas de souci, demain je vais lever le pied.
      C’est vrai qu’on est passé d’un temps de merde à un très beau temps sans transition !

  2. oula Damien, fais gaffe, ne te surmenes pas, ce serait dommage de devoir interrompre ce périple. Dis donc, je trouve ton écriture très poétique ! Allez, tranquille aujourd’hui, d’autant qu’on va certainement encore avoir plus chaud qu’hier. Pour te réconforter : Ce matin à 8H dans mon bureau, 29°C !!!! Où sont les bouteilles d’eau ? 😉

  3. Chapeau en effet pour l’écriture !
    J’espère que ça va aller pour la suite…Lèves un peu le pied parce que je confirme ce que dit Olivier la chaleur est vraiment là ! Courage !

  4. Mon dieu que cette nouvelle est plaisante, enfin tu viens de comprendre que Parisot c’est la solution, je m’empresse de t’envoyer ta carte du Medef, 160 euros stp. Sinon pour ton malaise, je dirai fais gaffe mais après cela dépend de l’infermière à ton réveil. A plus

  5. Bon courage Damien et fait attention à ta tension !!
    C’est vrai que tu nous gratifies tous les jours d’une très belle prose.
    Ami poète …

  6. Ok alors sache que Roland garros s’écrit avec un seul L !
    Je ne comprend pas que tu fasses ce genre de faute vu le bureau où tu es… Je met ça sur le compte de ton malaise. Faut te reposer, on laissera pas passer une nouvelle faute de ce style 🙂

  7. Je forme des voeux pour que le dossard 211 reste fringant malgré l’adversité. Salutations envieuses.

  8. Merci mon beau Damien d’aimer mon joli village ! Je connais bien l’aubergiste où tu as pris ton repas, c’est un bon patron qui exploite le serveur et le cuisinier d’une belle façon ! Vive le patronnat !

  9. Bravo pour ton courage et surtout fais attention à l’effort cardiaque.
    Merci pour ce voyage !

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