Cette nuit, la température n’a pas beaucoup baissé. J’ai eu du mal à trouver le sommeil. Le ciel était nuageux, un air lourd et le vent s’est levé dans la nuit.
J’entendais le vent se glisser dans les cîmes des grands pins du camping, puis c’était au tour de mon tarp de fassayer avec plus ou moins de bruit. Le vent n’était pas fort mais ce bruit irrégulier, en plus de la chaleur, m’empêchait de m’endormir. A 2h30 du matin, je démontais mon tarp. Tout ça pour dire que j’ai mal dormi et, sachant les difficultés qui m’attendaient, je sortais de ma tente à 5h45 en soupirant « je vais en chier ».
Car j’ai deux cols au programme du circuit n°24, intitulé « Le col de Saint Eustache depuis Abbartello » (version courte) : le col de Celaccia (10 km à 5% de moyenne) et le col de St Eustache (11 km à 5,3% cf. profil Ouest). En 2009, un incendie a ravagé le sommet du col, il ne faudra pas compter sur l’ombre. Heureusement, le temps est couvert ce matin. La température est de 25°C.
Je pars mollement en direction de Filitosa, 5 km de plat pour m’échauffer, et la première montée débute à l’entrée du village. Je sens tout de suite que ce n’est pas la grande forme. Le fort degré d’hygrométrie gène également ma respiration. Hier, en revenant d’Ajaccio, je suis tombé par hasard sur l’unique Décathlon de Corse (non répertorié sur leur site internet, peut être parce que c’est un magasin franchisé) et j’ai fait le plein de produits énergétiques. Ce matin, j’ai pris un troisième bidon pour ne pas être pris au dépourvu. J’attaque donc mollement les premiers hectomètres en me disant que je ne manquerai ni d’eau ni de sucre. La route est large, le revêtement est bon, très peu de circulation, les nuages masquent les sommets des montagnes et je roule à l’ombre. Lors de ma première sortie, j’avais descendu cette route. A Calvese, je sais qu’une fontaine distille lentement son précieux liquide. La route bifurque vers Sollocaro et le col de Celaccia. Les panneaux indicateurs mentionnent très rarement les distances. Bien que la pente ne soit pas très relevée, je m’octroie une pause pipi un peu avant le sommet (sans le savoir) et j’ouvre en grand mon maillot. Le col est à l’intersection avec la T40 (les routes « nationales » ont été renommées en routes « territoriales »), c’est la route allant à Ajaccio. J’ai pris une photo souvenir du panneau mais mon smartphone ne l’a pas enregistré, zut.
J’avale une barre énergétique avant d’entamer la descente vers Bicchisano, 10 km sur une route très fréquentée. A l’entrée du village, je me dirige vers Petreto, c’est le début de l’ascension du col de St Eustache et ça démarre fort avec un passage à 8-9% dans le village. C’est déjà dur de remettre en route la machine après une descente, là j’en bave, je commence à douter de ma capacité à atteindre le sommet. Je pousse sur les pédales, je souffle, je cherche de l’énergie, je m’arrête pour avaler un gel. Je repars. La pente s’adoucit finalement et je retrouve un peu d’aisance. Je suis vraiment content que le temps soit couvert. La température est légèrement descendue en changeant de versant. Il y a un peu de vent. Ça passe. La D420 est une belle route, il y a beaucoup de motards venus enchaîner à vive allure les virolos.
Tant bien que mal, j’avale les kilomètres. Au croisement de la D420 / D326, je sais que le sommet n’est plus très loin car cette D326 est la variante difficile de l’ascension du col, c’est aussi ma route de retour aujourd’hui.
La boutique de José, citée dans le livre, est fermée. Je mange ma barre protéinée avant de redescendre pour rejoindre la D326. Je jete un œil sur le GPS pour voir la pente car cette variante de l’ascension est au menu d’un autre circuit que j’ai prévu de faire plus tard. A nouveau, une très belle route, étroite, sinueuse, pentue, revêtement très bon au début, à l’ombre des chênes, un pur régal. Et personne…?
Si, des cochons ! Ils étaient au milieu de la route. Je croise une deuxième famille un kilomètre plus loin, plus craintive cette fois. Et c’est pas fini. Des chiens en train de faire la sieste au milieu de la route. Heureusement que la roue libre fait du bruit. Le revêtement se dégrade fortement entre Croce et Moca. A Moca, je prends la D757 en direction de Bicchisano, très belle route, descente rassurante. Au rond point à l’entrée du village, la route coupe la T40 et la descente continue dans un super décor. Ça roule tout seul sous les chênes et les eucalyptus.
Sur le côté gauche, de vieux eucalyptus
A Calzola, l’itinéraire me ramène sur un bout de la D302, puis sur la D457 et sa succession de bosses faciles que je prends dans l’autre sens aujourd’hui. Et une nouvelle rencontre, au sommet d’une bosse, un oiseau (rapace ? j’ai pas eu le temps de voir) se bagarre avec un serpent. Mon arrivée fait fuir l’oiseau et le serpent s’enfuit vers le bas côté. Après un ultime court passage à 14% (je m’arrête juste après l’avoir franchi), je retrouve le début du parcours, 5 km de plat face au vent.
J’arrive au camping à 12h30, ouf. J’avais choisi la variante courte de ce circuit. La variante longue (97 km) passe par ces 2 superbes routes que sont la D757 et la D326. Même en les descendant, ce fut un vrai plaisir 🙂
Stats du jour : 74 km, 1325 m D+
J’attendais secrètement la première photo de cochon sur la route 🙂
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